Bonjour, je profite de la pause déjeuner à Cazaubon et de cette veille de finale pour vous écrire quelques lignes. Premier championnat de France à la maison pour moi depuis…2006 ! J’aurai aimé faire le déplacement mais j’avoue avoir assez vite abandonné l’idée quand j’ai vu le temps qu’il m’aurait été nécessaire pour venir de Valenciennes. C’est donc depuis mon ordinateur que je vais suivre les résultats. Il me manque forcément l’ambiance, l’atmosphère, les speeches du coach, les regards complices, les anecdotes d’anciens, les encouragements du public…mais être de l’autre côté a aussi du bon. Pas de pesée, pas de stress, on ne garde que le plaisir : celui de voir ramer, de voir de belles courses, de voir les rictus sur les visages et leur soulagement après la ligne d’arrivée, ce moment de plénitude dans l’effort quand on arrive à dépasser déplacer ses limites ! Voici d’ailleurs le lien du TEDx que j’ai fait à Lyon le mois dernier sur le sujet (dépasser vs déplacerses limites). Il m’a semblé intéressant mettre en lumière cette nuance pour comprendre la différence qui existe et qui les sépare.
J’étais sur Marseille mardi dernier pour le même style d’intervention (TEDx KEDGE). Le thème : « Hors-Norme ». Le contenu était donc différent. Je mettrais la vidéo en ligne dès le lien sera disponible. Ce passage dans le Sud fut extrêmement rapide. Je n’ai pas pris le temps de visiter ou voir du monde. Le timing était trop serré, je me suis concentré sur la prestation qui motivait mon déplacement.
Indépendamment de mon passage sur la capitale phocéenne cette semaine, l’actualité a encore été chargée le mois dernier.
Je suis allé sur Rome mi-Mars pour visiter. C’est tout l’avantage d’être à proximité de l’aéroport de Charleroi et d’avoir accès aux compagnies aériennes low-cost qui le desservent. C’est aussi l’avantage d’être jeune retraité. Beaucoup de questions ne se posent plus : savoir si l’hôtel est équipé d’une salle de fitness pour faire les séances imposées par le programme d’entrainement. Pas de procédure de géolocalisation pour respecter le protocole imposé et obligatoire en cas de contrôle anti-dopage inopiné. Pas de régime drastique à faire alors que la prochaine compétition et l’agenda l’auraient imposé si j’avais continué. Bref, de vraies vacances même s’il ne s’agissait que d’un week-end. J’ai visité le Colisée et le Vatican. Sûrement les deux monuments les plus emblématiques de la ville romaine. Le reste s’est fait à pied. La météo n’était pas celle qu’on attendait mais les prévisions furent meilleures que celles finalement annoncées. Malgré la période les rues débordaient de touristes. Je crois que j’ai de plus en plus de mal à fréquenter les lieux trop « bondés ».
La semaine d’après je suis descendu sur Paris pour intervenir à CentraleSupélec. C’est après avoir rencontré des étudiants de l’école en Décembre dernier lors de mon passage à Polytechnique sur le plateau de Saclay que l’invitation m’a été faite. Nous étions quatre intervenants à partager notre expérience, tous d’horizons différents ! Certains parcours de vie étaient vraiment impressionnants. Mais ce que je retiendrais de ce beau moment d’échange, c’est qu’indépendamment de leurs différences, ces histoires ont toujours la même morale : la réussite passe toujours par le travail.
La semaine qui suivi fut presque exclusivement dédiée à ma pratique professionnelle. Il est finalement rare en fait que je fasse semaine complète au cabinet avec toutes ces sollicitations.
C’est à Bruges, Gand et Knokke le Zoute que je suis allé pour le week-end de Pâques. Il n’existait pas meilleur destination pour acheter du chocolat je crois. La météo était « locale » mais ne nous a pas empêchés de visiter. Si je devais faire un choix entre ces trois-là, j’aurais une préférence pour Gand. Difficile d’expliquer pourquoi. Peut-être l’ai-je trouvé un peu plus agréable, un peu plus à taille humaine, un peu plus reposante que les autres. L’avantage de la Belgique, c’est qu’elle ne bénéficie pas que d’un joli patrimoine historique, les grandes brasseries donnent aussi la possibilité de gouter ce qui se fait de mieux en bière sur la terre.
La régate de Valenciennes était organisée le week-end dernier. Cette compétition annuelle sur 1000m rassemblait une bonne partie des clubs des Hauts de France. Ces quelques heures passées sur les berges de l’étang du Vignoble à voir les jeunes ramer furent les bienvenues. C’était l’alibi idéal pour sortir de l’appartement et ne pas rester prisonnier à faire ma comptabilité, autre « joie » de l’activité libérale de kiné.
Les dernières relectures de mon livre sont en cours. La sortie est prévue dans un mois. Je vous tiendrais rapidement informés de la date officielle de sortie.
Je conclurais en vous disant que j’ai passé plusieurs examens médicaux, pour m’assurer que ce départ à la retraite et que cette diminution d’activité n’avaient pas perturbé la mécanique bien huilée de ces dernières années. 6 mois après…Rien ASignaler. Les nouvelles sont bonnes. Les bilans aussi, le bonhomme est en pleine forme !
Bonsoir. Avec mon déménagement sur Valenciennes je n’ai pas trouvé le temps de vous écrire plus tôt. L’attente aura été longue mais voici enfin quelques lignes pour revenir sur la finale de Cazaubon.
Si tous les 2000m pouvaient être aussi courts ce serait le Nirvana. En y repensant, je crois avoir fait l’une de mes plus belles courses d’aviron. La journée n’avait pourtant pas bien démarré avec une balance m’affichant 72,9kg au réveil. Ce fut un véritable coup de massue. Une première en 10 ans. En plus de ne rien manger, j’allais devoir m’activer pour me délester de 400g. Quinze minutes à transpirer sur l’ergomètre suffirent à me ramener au poids réglementaire. Ce n’est jamais ce qui est recommandé. Mais cette fois je n’avais guère le choix. Moi qui ne fais habituellement pas de réveil musculaire, ce changement ne fit qu’ajouter du stress à ma préparation…un stress positif finalement. L’enchaînement fut donc rapide : juste après être monté sur la balance officielle je me suis empressé de boire et manger pour avoir le temps de digérer. J’ai ensuite pris quelques minutes pour m’allonger et me reposer. Je sentais que le bonhomme en avait besoin. L’heure de l’échauffement arriva peu de temps après. J’ai alors enfilé mes baskets et ôté mon manteau, puis me suis élancé sur le chemin de halage. Je me suis rapidement retrouvé seul, accompagné du seul bruit de mes pas. Chaque foulée venait effacer la précédente, ne gardant que l’énergie cinétique nécessaire à l’entretien du mouvement. Cette course automatisée me permettait de libérer mon esprit, de le laisser libre. Tantôt focalisé sur la course, tantôt complètement vide. Comme si l’alternance des deux était nécessaire pour maintenir une forme de relâchement, de détachement sur ce qui allait arriver. Avec les années, ce mécanisme semblait s’imposer de lui-même, comme automatisé, pour éviter que le stress ne vienne me paralyser…le bénéfice de l’âge ! J’étais conscient que la journée n’avait pas démarré comme je l’entendais, mais la raison m’avait rapidement remis sur les bons rails. En repensant à tous les entraînements accumulés cet hiver je venais de tuer le doute. Depuis le début du week-end la forme était excellente, ce n’était pas 15 petites minutes d’ergomètre qui allait impacter ma performance sur la matinée. Avant de rebrousser chemin je pris le soin de faire plusieurs grosses respirations pour aussi préparer mes poumons à ce qui allait arriver. Quelques étirements et mouvements articulaires vinrent également rythmer le retour. Mon corps était prêt, le discours du coach allait maintenant conditionner mon esprit. En arrivant au bassin je fis un crochet par le minibus du club pour troquer mes chaussures contre des adilettes, et récupérer mon strock ainsi que ma gourde. J’étais opérationnel. Bénéficiant encore de quelques minutes avant l’embarquement, je fis un premier voyage pour amener mes pelles au ponton. Mon entraîneur observait la scène, attendant que je veuille bien le rejoindre pour démarrer son « speech ». Chaque mot permit de redéfinir la stratégie. L’intonation, quant à elle, était là pour me galvaniser, me transformer en véritable machine à ramer. En me poussant au large, ce fut un dernier regard, le traditionnel clin d’œil. J’y étais ! La confiance transmise venait de se canaliser en énergie. Je pouvais monter au départ sans qu’aucune interrogation ne vienne me parasiter. Jusqu’au dernier moment tout se déroula sans encombre. Mais une fois installé dans les starting-blocks, de nombreuses algues semblaient stagner à la surface. Devant l’enjeu de la finale je n’ai pas hésité à lever la main et signaler le problème aux arbitres. L’horaire dut être décalé pour enlever et nettoyer les lignes d’eau. Tout le monde reprit ensuite ses positions. L’arbitre appela les équipages et donna un départ rapide. Il n’était pas question de s’économiser sur l’entame de course. Je devais absolument coller à Pierre, lui concéder le moins d’avance possible. Sans me soucier de la cadence, j’ai essentiellement focalisé mon attention sur le rythme et ma respiration. Mes efforts ont vite payé. Au premier point de passage nous étions bord à bord. Mais cela ne suffisait pas. Les jambes répondaient encore et le souffle suivait, il n’était donc pas question de baisser en régime. Les coups s’enchaînèrent, encore, et encore. Sans jamais regarder mon strock, je restai concentré sur ma course et mon geste. Les écarts commencèrent à se creuser, centimètre par centimètre. Tout comme dans la deuxième moitié de parcours, il n’y eu pas de cassure. Chaque coup de pelle semblait m’éloigner un peu plus de mon premier poursuivant. A l’entrée des bouées jaunes la victoire me tendait les bras. Les derniers coups de pelles furent donnés avec convictions. Ce n’est qu’une fois la ligne d’arrivée franchie que le chrono me fut communiqué. S’emparer du record de France et du bassin sur la finale, je crois qu’il n’y avait pas meilleur scénario. Quel week-end !
Malgré toutes ces émotions, le retour sur Lyon ne parut pas moins long. Ni mon déménagement sur Valenciennes le lendemain d’ailleurs. Mais tout s’est bien passé. Me voici donc installé là-haut pour un an. Les températures sont fraîches mais l’ensoleillement est sensiblement le même qu’à Lyon pour l’instant. Pourvu que ça dure. J’ai fait ma première sortie sur l’eau hier. Le bassin est vraiment top. Seules quelques péniches viennent perturber la navigation.
Nous repartons déjà lundi en stage. Direction le Jura et la Base Nautique de Bellecin. L’enchaînement ne laisse pas beaucoup de temps entre chaque échéance, mais c’est ainsi. L’ambiance nous fera rapidement oublier ce « petit » détail.
Cazaubon et sa digue ! Deux inséparables qui n’évoquent qu’une seule chose dans la tête des rameurs : l’aboutissement ! Chacun ici est venu chercher quelque chose. Parfois identique, parfois différent, mais l’envie de donner le meilleur reste la même. Pour cette année, la météo semblait s’être accordée avec l’agenda pour que nous bénéficiions de conditions parfaites. C’est du moins ce qui avait été annoncé au petit écran. Dans les faits, le vent aura soufflé légèrement plus fort que prévu hier…mais dans le bon sens. Difficile donc de se plaindre quand le chronomètre défile plus vite qu’à l’accoutumé. C’est sûrement la première fois que je signe un aussi bon temps sur le contre-la-montre. Mais face aux alizés favorables se formaient de bonnes vagues. Le bassin était technique et peu docile, notamment dans la deuxième partie de course. Il était donc important d’assurer un premier 1000m solide pour ensuite surfer et jouer les équilibristes. J’aime ces bassins agités, où doit ressortir l’agilité et la dextérité du rameur. Rebelote le soir même sur les Séries. Malgré quelques petites fautes j’ai pris du plaisir. Porté par les rafales, la cadence ne voulait plus descendre. Le chrono allait forcément être au rendez-vous…Et ce fut le cas ! Je franchis la ligne d’arrivée en 6’50’’46, nouveau record de la catégorie sur le lac de l’Uby. L’intention n’était pas là, mais je ne vous cache pas ma joie.
Ce matin se couraient les demi-finales. L’intensité allait inévitablement prendre un cran, mais la forme était bonne, et la pesée fut plus facile que la veille. Le ciel était bas et le vent complètement nul. Les températures étaient revenues aux normales de saison. Je retrouvais à mes côtés Damien Piqueras. La stratégie était simple : profiter de cette course pour préparer la finale de demain. Mais cette volonté de bien faire ne m’empêcha pas de rater mon départ. Bien heureusement, cela ne me pénalisa pas par la suite. L’enchaînement fut plutôt bon, et ce, jusqu’au dernier coup. Dans l’autre manche Pierre devança Stany. Au regard des résultats la bagarre s’annonce rude demain. J’espère que le spectacle sera à la hauteur. Comptez sur nous en tout cas pour donner le meilleur.
Bonsoir, les évènements s’enchainent plus vite que prévu. N’ayant pas eu le temps de faire de récupération après la finale à Cazaubon, je suis allé tourner les jambes sur le vélo, lundi matin, juste avant de filer au cabinet. Il s’agissait de mes derniers jours d’activité. Une ultime semaine de travail avant de ne me concentrer sur un objectif, Rio 2016 ! Mes collègues ne semblaient pas très inquiets à l’idée de ne plus me revoir avant Septembre. Ils paraissaient même amusés par la nouvelle, notamment ceux pour qui c’était déjà le cas. Il faut reconnaitre que les stages et mes absences à répétition pouvaient donner cette impression. Après avoir réglé mes derniers impératifs administratifs, je suis parti la tête légère vendredi après-midi. Je serais surement amené à repasser pour traiter quelques papiers, mais de manière très ponctuelle.
Le contrecoup du championnat n’est pas arrivé de suite, mais quelques jours après la finale. Vers le milieu de semaine. Heureusement, le programme d’entrainement ne prévoyait pas grand-chose. Comme une mini parenthèse, ou une mini-trêve avant de repartir. Tout semblait décidément bien s’accorder. Surtout que la météo n’était pas au rendez-vous ! Cette planification allégée tombait donc à pic. La reprise de la musculation fut probablement la seule grosse contrainte. Et je ne fais pas état des traditionnelles courbatures qui l’accompagnent. Au final, je n’ai presque pas remis un pied dans mon skiff. Sur mes trois sorties hebdomadaire j’ai ramé en 2x, 4x et 1x. C’était l’occasion de changer les repères et de préparer indirectement l’entrée en stage. Car dès le dimanche soir, nous nous sommes rejoints sur Aiguebelette pour un premier regroupement de travail. Le matériel a été déchargé, monté et réglé le lundi matin avant la sortie. L’hébergement n’a pas changé. Mise à part quelques embarcations locales, le bassin nous était dédié. Nous n’avons fait que du double avec Pierre. Stany était en skiff. Suite à sa dernière infiltration il n’a repris que progressivement les kilomètres. J’ai encore été désigné pour un contrôle anti-dopage. C’était mardi matin, juste avant de partir de l’Hôtel. Un contretemps qui a légèrement bousculé l’organisation de la journée. Mais heureusement les conditions sont restées bonnes pour la sortie, comme si le bassin nous attendait. C’est le quatrième contrôle en quatre mois, la moyenne reste bonne. Le travail en double a été très productif. Les sensations d’Afrique du Sud sont vite revenues. Chaque kilomètre nous faisant un peu plus progresser.
Nous sommes rentrés chez nous hier. Une petite semaine à domicile nous attend avant de repartir pour le Jura et sa base nautique de Bellecin. Déjà pressé d’y être !
Bonsoir, c’est avec un peu de retard que je reviens sur cette finale ! Mais les évènements se sont tellement enchainés qu’il m’aurait été difficile de vous écrire plus tôt je pense.
A aucun moment sur le week-end le régime n’aura posé de problème. La marge a toujours été suffisante pour m’alimenter correctement les heures précédant la course.
La nuit de samedi n’a pas été trop perturbée malgré l’enjeu que représentait ces 2000m. Le plus dur était donc presque passé. La forme était bonne et les jambes paraissaient moins lourdes que la veille. Les voyants semblaient donc au vert. Allait maintenant se poser le problème des conditions météo. Depuis une semaine les prévisions annonçaient du vent contre. Et cette fois, jusqu’au dernier moment ils virent juste. En arrivant avec le minibus du club le constat était évident : nous allions revivre le bassin de 2015. Sans préférence aucune, il allait néanmoins falloir en prendre compte dans la stratégie de course. Après être passé à la tour d’arrivée et monté sur la balance officielle, je me suis posé dans les gradins comme spectateur. Quel plaisir de regarder les autres ramer. Les premières courses, animées par les juniors, me rappelaient de bons souvenirs…et oui, déjà dix ans ! Dix ans que j’ai découvert le lac de l’Uby et son ambiance si particulière. Le temps passe vite décidément. Je ne suis pas encore un dinosaure mais quand le compteur passe à deux chiffres, il y a de quoi sourire ! Mais une heure tapante avant la finale, plus le temps d’être nostalgique ou de ressasser, il faut aller s’échauffer. A partir de cet instant, tout devient plus opaque, plus lointain. Chaque foulée nous éloigne un peu plus des eaux mortes du lac pour que le silence accapare l’espace. La voie du speakeur et les encouragements ne sont plus qu’un vague brouhaha. Vous vous retrouvez seul, au calme, avec vous-même, vos pensées, vos peurs, vos motivations. Le souffle s’accélère et les muscles sont de plus en plus chauds. Après quelques assouplissements les articulations semblent se délier et prêtes à l’effort. Vous vous sentez tellement bien que vous n’avez presque plus envie d’y aller. Comme une crainte inexplicable qui se dresse devant tant de mois de durs labeurs. Mais l’hésitation ne fait que traverser votre esprit et s’éloigne aussi vite. Vous reprenez la route du retour. En arrivant, mon entraineur m’attendait. Les premiers mots furent habituels, justes là pour recadrer le discours. Les phrases qui suivirent posèrent la tactique. Il avait tout analysé, tout calculé, aucun détail ne semblait lui avoir échappé. Je connaissais la musique, et il venait de me donner la mesure. Je n’avais alors plus qu’à réciter la leçon, à appliquer le cours, et y glisser un zeste d’interprétation. Ses derniers mots, juste avant de prendre le large, n’eurent pas de mal à trouver de l’écho chez moi. Ce savant mélange continua de résonner dans ma tête et de m’accompagner jusqu’au départ. Une fois rentré dans ma ligne d’eau l’arbitre annonça dix minutes ; de quoi finir de s’échauffer dans le balisage et placer une dernière accélération. Puis, demi-tour, direction les starting-blocks. Je vins m’accrocher au teneur de bateau et quittai le surplus de vêtements. L’horaire semblait bien respecté et les équipages furent appelés. Le drapeau se leva….Partez ! C’est sans retenue que j’ai donné les premiers coups, ni les suivant d’ailleurs ! Il fallait absolument que je garde le contact avec Pierre. Je connaissais ses qualités de puncheur, il ne fallait pas lui laisser d’air, toujours rester engagé et au contact. Stany partit aussi vite que moi. Après 500m de course le podium semblait déjà joué. Nous étions trois aux avant-postes pour nous disputer les médailles. Pierre continua d’appuyer chacun de ses coups pour maintenir son avance, tandis que Stany marquait légèrement le pas au passage des 1000m. Ce fut alors le début d’une longue lutte, d’un mano à mano avec Pierre. Et chaque bouée nous rapprochait un peu plus de l’arrivée, sans qu’aucun écart ne se crée. Mais à 600m de la ligne, mon oreille sembla déceler quelque chose. Comme une cassure dans le rythme sur tribord. Il semblait être à la peine, ou en tout cas, quelque chose se passait. La brèche venait de s’ouvrir. Il fallait s’y engouffrer. Sans calculer les réserves qu’il me restait, je repris un cran en cadence pour échapper, enfin, aux griffes touloises. En arrivant dans les derniers 250m, l’écart m’assurait presque la victoire. Trente coups de rames me séparaient d’un septième titre. « Aller, plus que trente »…..ou devrais-je dire, encore trente! Ce fut long, très long, mais le plaisir ne fut qu’amplifié par le sentiment d’avoir tout donné aujourd’hui ! Un « BIP » final au goût de délivrance, rapidement suivi d’une monté d’acide nettement moins sympathique. Mais c’était fini, le plus important était là. La remise de récompenses se fit juste après. Un podium identique à l’an passé, 100% LXMEN !
La route du retour fut longue mais sans encombre. Les évènements vont maintenant s’enchainer. Dans une semaine nous repartons en stage sur Aiguebelette. Me voici associé à Pierre jusqu’à Lucerne. Une décision finale sur la composition de l’embarcation sera prise par la fédération à ce moment. A suivre…
Bonsoir, le lac de l’Uby s’est transformé en l’espace de quelques jours. Les berges sont complètements occupées par les bateaux. On ne cesse de croiser des rameurs courir pour s’échauffer, ou sur l’ergomètre pour faire tourner la roue et récupérer. Après le vent et les grosses averses de jeudi, le beau temps semble s’être installé assez durablement pour que nous passions un bon week-end. Depuis hier, le bord du bassin grouille de monde. Nous nous rendons alors compte qu’il s’agit bien d’une édition spéciale sur cette année olympique. Plusieurs billets vont être distribués pour les Jeux de Rio. L’enjeu est énorme et les athlètes en ont conscience. Jusqu’à présent la tension n’était peut-être pas palpable, mais dès demain tout va se tendre.
Les parcours d’hier se sont bien passés. Même si je ne suis pas un aficionado des contres-la-montre, je pense avoir fait une bonne entrée dans la compétition. Le vent était légèrement favorable, un scénario que j’affectionne particulièrement et qui me permet de tenir un cadence soutenue tout au long des 2000m. Une fois fini, pas le temps de chômer : la récupération est faite dans la foulée, suivie d’une bonne séance d’étirements, d’un repas et d’une grosse sieste pour arriver en forme sur la Série du soir. Mais cette fois, changement de sens pour le vent. Heureusement, les adversaires semblaient aussi fatigués que moi. La hiérarchie fut alors respectée dans chaque manche.
Ce midi, j’étais en demi-finale contre mon coéquipier d’Aiguebelette. A ce beau tirage venait s’ajouter Morgan Maunoir et Thibault Remy, respectivement champions du monde en 4x (Elite et U23). Une belle brochette de quatre athlètes, mais seulement trois places qualificatives. Cerise sur le gâteau, le vent soufflait contre et fort en rafales. Avec Stany, nous avons rapidement creusé l’écart. A la mi-course, nous semblions presque assurés d’aller en finale. Mais derrière, la lutte était âpre. Il fallut attendre la photo finish pour départager les deux concurrents. Triste sort et dure loi du sport pour Morgan qui rate finalement le coche pour deux minuscules dixièmes de seconde. Thibault prend donc la troisième place. De mon côté, les sensations n’auront pas été franchement bonnes aujourd’hui. Le bassin était vraiment difficile et ne permettait pas de s’exprimer techniquement à 100%. Hélas, les prévisions pour demain ne semblent pas meilleures. J’espère que nous pourrons quand même bénéficier d’une petite accalmie dominicale.
Je vous donne donc rendez-vous demain matin à 11h50 pour le dénouement de ce week-end haletant.