Gravelines !

04/10/2016
Crédit photo : FFSA (Lionel Piquard)

Crédit photo : FFSA (Lionel Piquard)

Comment aurais-je pu imaginer finir l’année de si belle manière ! Ce week-end clôture probablement la meilleure saison de ma carrière. Et à chaque médaille son histoire !

Celle d’avant-hier a une saveur particulière. Le goût du partage et de l’amitié avec mon coéquipier et partenaire de club Julien Gazaix. C’est lui qui m’aura accompagné tous les jours à l’entrainement ces deux dernières années. Un soutien physique et moral quotidien indispensable quand on vise l’olympe. Finir sur ce titre en double toute catégorie avec lui restait le meilleur dénouement possible.

Il fallut attendre vendredi pour faire notre première sortie. Impossible de se retrouver avant pour préparer le bateau : nos agendas respectifs ne collaient tout simplement pas. Heureusement, ces quelques kilomètres suffirent à nous redonner confiance.

Chaque course allait avoir son importance. Car il ne suffit pas de se sentir à l’aise et se faire plaisir pour aller vite. Chaque parcours serait l’occasion de prendre des repères, d’affiner notre tactique et de progresser. L’adaptabilité était le maitre-mot.

Sur les conseils de l’entraineur, l’enjeu de la demi-finale n’était pas nécessairement de gagner, mais d’assurer une qualification. Pari risqué puisqu’en terminant deuxième derrière Toulouse nous prenions le risque, si la météo l’imposait, de se voir placer du « mauvais » côté pour respecter l’équité des couloirs. Mais seul l’effet de surprise nous aurait permis de remporter la finale, il fallait donc tenter ! Dimanche, malgré le vent et la vague, le comité d’organisation conserva l’attribution initiale des lignes d’eaux. Les dés venaient d’être lancés. Il était maintenant de notre responsabilité de saisir l’opportunité. Pendant l’échauffement au sol, la stratégie semblait claire pour Julien et moi : faire le moins de fautes possibles et ne pas partir trop fort, car la course allait être longue ! Le plan était simple et clair, jusqu’à ce que l’entraineur partage son point de vue : « les gars, partez à fond, essayer d’en mettre le plus possible sur le premier 1000m ; car si vous les faites douter à ce moment, ils se durciront… ». Je trouvais ce schéma de course un peu fou. Surtout moi qui affectionne les attaques dans le troisième 500m. Je restais donc très dubitatif. Mais la confiance qui anime depuis tant d’années notre relation ne m’a pas longtemps fait douter.

L’échauffement sur l’eau fut difficile mais indispensable pour donner les dernières consignes techniques. Avant de rentrer dans les starting-blocks nous échangeâmes quelques mots avec Julien : «  on tâche de ne pas trop amener l’arrière, de ne pas rester « tancké » derrière pour éviter au maximum les fautes. Ce sera le meilleur moyen de garder la coque au-dessus de l’eau. Et tant pis si on a l’impression de se raccourcir, il faut surtout garder le rythme, c’est la priorité ! ».

Une fois installé dans au ponton de départ, l’attente fut interminable. Le bassin moutonnait et le vent rendait l’alignement presque impossible. L’arbitre décida de donner un départ rapide par compassion, ou dépit…

Dès que le feu changea de couleur je n’eus d’attention que pour la technique. Dans ma tête je ne cessais de répéter « pas de fautes, surtout pas de fautes… ». Quelques petits accrochages venait ici, là, mais rien comparé à nos concurrents. Chaque coup qui passait nous donnait un peu plus d’avance. L’écart se creusa progressivement et finit par se stabiliser à ma mi-parcours. Les attaques de nos poursuivants commencèrent à se succéder mais il était déjà trop tard. Nous nous étions mis à l’abri d’un quelconque retour. Il fallut surtout assurer et gérer jusqu’au bout pour éviter les grosses fautes. Une fois la ligne d’arrivée franchie ce fut une explosion de joie. Quel week-end, j’ai encore du mal à m’en remettre !

Voici le Lien pour revivre toutes les finales de ce championnat. Je vous joins également le lien vidéo du reportage fait et diffusé dimanche soir sur « Tout le sport ».

Bonne soirée.

I could hardly have imagined finishing the year so fantastically! This weekend, the French Rowing Championships (http://www.gravelinesusaviron.com/gravelines-championnat-de-france-daviron-2016/) marks the end of what has been the best season of my career. And each medal has its own tale to tell!

The medal I won the day before yesterday has its own particular flavour; That of sharing and friendship with my crew- and club-mate Julien Gazaix. He has been there training with me day in and day out, for the past two years. His physical and moral support was essential when aiming for the Olympics. Finishing with this title with him, in the 2x, was the best finale possible.

We had to wait until Friday before the Championships to have our first outing. It was impossible to meet sooner to prepare the boat – with our agendas we just couldn’t fit it in. Thankfully, these few kilometres were enough for us to feel confident once again.

Every race has its own importance. After all, to go fast, feeling relaxed and having fun isn’t enough. Every race is an opportunity to set benchmarks, to refine our tactics and to improve. Adaptability was our motto.

Following our coach’s advice, the purpose of the semi-final was not necessarily to win, but to secure qualification. A risky gamble, since we finished second to last behind Toulouse: if the weather turned, we would have been placed in a lane on the ‘wrong’ side, with tricky conditions. Only the element of surprise would allow us to win the final, but we had to try! On Sunday, despite the wind and the waves, the organising committee maintained the original lane placing. The dice had been rolled. It was now up to us to make the most of the opportunity. During the land warm up, the race strategy was obvious for Julien and me: make as few mistakes as possible and don’t go off too hard, because it was going to be a long race! The plan was clear and simple, until the coach shared his point of view: “guys, go off hard and try as hard as you can in the first 1000 metres because if you let them take you, it will be harder come back at them…”. I thought this race strategy was a bit crazy. Especially since I really like to attack in the third 500 metres. So I was rather doubtful. But the confidence that comes with so many years of training together buoyed me.

The warm up on the water was challenging but essential to give us a last technical practice. Before going to the start we exchanged a few words: “we’ll try to stay with the group, and not be left too far behind, so we avoid making mistakes. That will be the best way of keeping the boat running on the top of the water. And so what if we look like we have shortened up, the really important thing is to keep the rhythm!”

Once on the start, we waited for ages. The water was very rough and the wind made it almost impossible to get straight. The umpire, out of annoyance or pity, decided to start us quickly…

As soon as the lights changed, all I thought about was technique. In my head I repeated continually “no mistakes, just no mistakes…”. There were only a few small slipups here and there – nothing like our competitors. Every stroke we took a little bit more of a lead. Our lead grew progressively larger and then stayed the same, from the middle of the race. The crews chasing us started to catch us up but it was already too late. We had put ourselves well out of reach for any comeback. We just had to keep going until the end and avoid any major mistakes. Once we crossed the finish line we were overcome with joy. What a weekend, I am still struggling to get back to normal!

Here’s the link to watch all the finals from the French Rowing Championships. I also provide a link to the TV coverage broadcast on Sunday evening on “All Sport”.

Good evening.

Traduction : Gillian Shaw


Retour dans le Sud

21/08/2016
Crédit Photo : Olivier Pons

Crédit Photo : Olivier Pons

Bonjour, plus d’une semaine s’est écoulée depuis notre finale. Entre les sollicitations médiatiques et mon retour en France prévu mercredi, je n’ai pas eu le temps de profiter des sites touristiques locaux. Pas de franc regret. Après trois semaines sur place, l’envie de rentrer pour fêter la médaille avec les proches se faisait sentir. Surtout qu’un beau programme m’attendait. Juste après mon atterrissage j’ai rejoint l’Equipe de France junior à Gravelines. Il s’agissait de leurs derniers jours de préparation avant leur championnat du monde à Rotterdam. Il ne fallait pas rater le créneau. Pour fêter mon arrivée ils ont revisité la Marseillaise et me l’ont chantée, une attention touchante.  Après avoir suivi leur sortie de l’après-midi, une petite réception fut organisée. L’occasion de sortir la médaille, faire quelques photos et signer quelques autographes. Un super moment ! Je suis repassé par Paris de jeudi à samedi avant de rentrer dans le Sud. A Avignon, une trentaine de personnes avaient fait le déplacement pour m’accueillir à la Gare. Encore une belle séquence émotion. Surtout avec mon entraineur, j’attendais notre accolade depuis la finale.

C’est maintenant parti pour quelques jours de vacances, de vraies vacances, sans sport, sans contraintes….je les attendais depuis quatre ans ! Je vais faire en sorte de les savourer même si les cigales se font discrètes !

Pour conclure, je tiens à envoyer un message de soutien à la famille et aux proches de Denis Landart, président du club de Versailles décédé récemment.


Gold in Rio

14/08/2016
Crédit Photo : Sarien Yaya

Crédit Photo : Sarien Yaya

Bonjour, difficile de vous donner signe de vie depuis hier midi. Nous n’avons eu que peu de temps pour souffler entre les différentes sollicitations « Presse ». Pour une fois qu’il était question d’aviron dans les médias il ne fallait surtout pas rater la fenêtre. Mais revenons plutôt sur cette course qui aura livré un spectacle digne de finale. A forme olympique concurrence olympique. Tout au long de la semaine nous n’avons cessé d’être bousculés et poussés dans nos retranchements. Chaque équipage à sa manière a tenté de déstabiliser le favori pour déceler une faille, ouvrir une brèche, trouver une piste….

Au réveil, en montant sur la balance, ni Pierre, ni moi n’avions de marge de poids. Il fallut attendre et se priver jusqu’à la pesée pour la valider et éviter d’enfiler le k-way. Une entame de journée difficile malgré la bonne forme physique.

De leur côté les prévisions météo n’étaient pas bonnes. Après les nombreuses péripéties et les diverses annulations j’étais inquiet à l’idée que le bassin ne soit pas suffisamment bien pour ramer. Les premières informations confirmèrent les horaires et le comité d’organisation entérina la décision quelques minutes plus tard. C’était bien le D-Day ! Pourtant le vent et la pluie ne cessaient de se faire des politesses, un vrai temps d’hiver, mais avec un thermomètre à 20°C ! Depuis la salle de repos je guettais donc les accalmies et les averses pour deviner à quelle sauce nous serions mangés.

Au moment d’enfiler le collant et d’attaquer l’échauffement Stany profita de l’instant pour me glisser quelques mots d’encouragement. Les yeux dans les yeux, le regard complice, je me suis progressivement éloigné…

C’est sous la pluie que le footing s’est fini. Tout juste le temps de se mettre au sec et de rejoindre le bateau pour écouter les mots de l’entraineur. Rien de neuf, juste une maxime, la maxime qu’il avait choisie pour cette compétition et qui venait rythmer, telle un leitmotiv, les trois courses qui nous attendaient ici. Un discours simple et percutant, des mini-balises techniques à respecter, et beaucoup d’envie pour aller la chercher !

Dès l’embarquement la pluie s’arrêta. Le soleil prit sa place. Le vent tomba aussi et offrit l’un des plus beaux bassins que nous ayons eu.

Une fois installé dans les starting-blocks, plus moyen de faire machine arrière. Le compte à rebours était lancé avec au bout de ces 2000m le graal que tout le monde était venu chercher. Juste avant la procédure de départ quelques mots furent échangés avec Pierre « on fait bien gaffe à la direction, on s’affole pas si ça part vite, on ajuste le moment pour lancer la série dans le troisième 500m……On n’oublie pas de faire notre course, notre course Pierro !! ». Ce furent nos derniers mots. S’en suivit de longues inspirations pour chasser le  stress et ne garder que l’adrénaline positive. L’arbitre appela les équipages, puis les feux s’allumèrent jusqu’à ce que le rouge disparaisse. Ce laps de temps parut une éternité. Mais dès que les dames de nage claquèrent dans les colliers mon esprit reprit le dessus et se focalisa sur la course. Un bon départ mais pas suffisant pour prendre de l’avance sur nos adversaires. Les Norvégiens partirent en trombe et nous concédèrent qu’un petit dixième d’avance après 500m. Malgré l’intensité de cette finale et la petitesse des écarts entre les concurrents, ce fut une course d’attente, une guerre psychologique pour ne pas craquer, ne pas céder à la pression mise successivement sur nous de part et d’autre. Malgré l’attente, j’étais serein. Je ne nous sentais pas en danger, j’avais l’impression que nous maitrisions notre sujet. Au passage de la mi-course Pierre ne prit pas la parole. Ce silence ne m’inquiéta pas, bien au contraire. Il m’apaisa, me donna l’impression de contrôler nos concurrents. Leur retour devenait pourtant menaçant. A 800m de la ligne je pris la décision de lancer une série, notre série ! Cette signature, cette « French Touch » qui caractérise le double poids léger français depuis le début de l’olympiade. L’écart commença timidement à se creuser. A l’entrée des derniers 500m je repris la parole pour enfoncer définitivement le clou. Le bateau prit encore de la vitesse et nous donna assez d’avance pour espérer remporter le titre suprême. Mais moins de 100m avant que le rêve ne devienne réalité, ce fut une lente descente aux enfers : l’acide lactique gagna de plus en plus de terrain. A dix coups de l’arrivée j’étais complètement tétanisé, gorgé par le poison. Mes épaules ne voulaient plus rien entendre et restaient perpétuellement contractées. Le retour fulgurant des irlandais attira mon attention. Je tournai la tête une première fois, puis une seconde. La peur commença à me gagner ; la peur que tout cela nous échappe à la photo finish, le cauchemar absolu. Il ne me restait qu’une seule issue, faire ramer Pierre, ne pas le gêner et bloquer le bateau. Je comptais chaque coup dans ma tête en espérant que ce soit le dernier. Le « BIP » final arriva, enfin….

Ce fut beaucoup d’émotions, et une énorme pensée à Stany ! Nous ne te dirons jamais assez merci !


Et demain….Finale !

11/08/2016
Crédit Photo : Daniel Blin

Crédit Photo : Daniel Blin

Nous y sommes ! Il ne reste qu’une étape, qu’une marche ! Le piège des demi-finales est passé laissant de côté plusieurs favoris : anglais et italiens en ont fait les frais. Ces courses sont vraiment à part. Il n’y a rien à gagner mais tout peut brusquement s’arrêter.

En se levant ce matin, nous n’étions même pas sur de ramer. Les prévisions météo restaient mauvaises et risquaient une fois de plus de compromettre le programme. En arrivant au bassin la nouvelle tomba : pas d’annulation aujourd’hui. Ouf ! Plus qu’une pesée désormais !

En embarquant la forme semblait moins bonne qu’en Série. Je n’arrêtais pas de bailler et mes jambes semblaient engourdies. Il fallut attendre la fin de l’échauffement pour retrouver de l’influx. La procédure de départ et quelques grandes inspirations suffirent à booster mon adrénaline. J’étais prêt !

Le vent commençait à se lever, sans jamais garder la même orientation. Une fois de plus nous allions devoir nous adapter, et être vigilant à notre direction pendant la course.

Nôtre départ fut plutôt bon. Heureusement d’ailleurs, car les quelques mètres d’avance concédés par nos adversaires à ce moment furent presque les seuls. Notre léger ascendant ne nous permit pas de contrôler le reste de la meute. Irlandais, américains et anglais se sont livrés une bataille sans relâche du premier au dernier coup. L’engagement physique fut maximum pour tout le monde. La récupération s’est faite au sol et pas sur l’eau pour éviter de subir le bassin en constante dégradation.

Voici donc le tirage de demain :

IRLANDE / ÉTATS-UNIS / AFRIQUE-DU-SUD / FRANCE / NORVÈGE / POLOGNE

Finale prévue à 10h44 (15h44 en France), sauf si le comité d’organisation estime que la météo et le vent sont trop gênant. Voici le lien pour suivre la course en direct.

Rendez-vous demain donc pour le dénouement.

Bien à vous.


Encore une….

10/08/2016
Crédit Photo : FISA / Igor Meijer

Crédit Photo : FISA / Igor Meijer

Encore une ! Encore une journée sans aviron mais pas sans pesée ! Le bras de fer psychologique suit son cours… Le temps semble long ! L’organisation tente pourtant d’alléger nos souffrances. Mais à choisir, je préfère me serrer la ceinture un jour de plus et ramer dans des conditions décentes plutôt que d’improviser. L’enjeu est trop gros pour qu’une décision soit prise à l’aveugle.

Du vent, de la pluie… La météo a donc poussé une fois de plus la Fédération internationale à annuler toutes les courses de la journée. Elles sont reportées à demain. De notre côté, pas de changement d’horaire. Notre demi-finale est toujours prévue à 9h10 (14h10 en France). Mais je doute que nous puissions prendre les rames. Les prévisions sont pires qu’aujourd’hui. Il reste fort à parier que nous fassions la navette au bassin juste pour nous peser… Bref, nous verrons bien.

Encore merci pour vos messages de soutien, ils restent le meilleur carburant dans ces moments.

Je tâcherai de vous informer au plus vite si d’autres changements viennent perturber la compétition.

Bien à vous.


Déjà 4…

09/08/2016
Crédit Photo : FFA

Crédit Photo : FFA

Quelle journée ! Déjà quatre bateaux français en finale, dont un féminin… et c’est pas fini ! Nous sommes encore trois en lice pour tenter de décrocher ce même billet demain. Quelle fierté ! Le piège des demi-finales est maintenant derrière eux. Chapeau, car nombreux sont les favoris qui ont échoué aujourd’hui (les doubles hommes et femmes néozélandais notamment).

Les repêchages du double poids léger courraient aussi ce matin. Nous connaissons désormais le tirage de demain :

ALLEMAGNE / USA / FRANCE / IRELANDE / ANGLETERRE / CHINE

Nous avons plutôt un gros tirage sur le papier. Vous me répondrez que c’est une demi-finale olympique. En effet ! C’est le prix à payer pour rentrer dans le dernier carré. Nous allons maintenant savoir si le mois de stage dans le Jura nous a transformés en machine à broyer. L’envie est là en tout cas. Je vous donne donc rendez-vous demain à 9h10 (14hh10 en France) pour le direct. Voici le lien pour suivre la course.